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Composition sociale

Le village des Salles n'a jamais été fortement peuplé. C'est en 1881 que le village a connu le plus d'habitants, ils étaient au nombre de 482. A partir de cette date la population salloise a progressivement diminué.

Le premier facteur de baisse de population a été l'exode rural de la fin du XIXesiècle qui a attiré les jeunes sallois vers les villes, et qui s'est lentement poursuivi pendant les années qui suivirent. Puis il y a eu les deux guerres mondiales, où quelques jeunes sont morts au combat. Mais de façon générale, c'est la baisse de l'activité agricole qui a engendré la plus grande perte en population. Le signe le plus démonstratif de cette baisse démographique est la création à partir de 1924 d'une classe mixte, l'effectif étant trop faible pour conserver une école de filles et une école de garçons.

En 19622, date où a été décidée la construction du barrage, le village comptait 178 habitants, en 1968 il en comptait 165 et en 1975 (premier recensement au nouveau village) il y avait 125 habitants ; il faut toutefois préciser que sur les 125 habitants du nouveau village seulement 60 venaient du vieux village, ainsi entre 1881 et 1975 la population salloise d'origine aura connu une baisse démographique de 87% (Cf. Annexe 2 : pyramide des âges). En fait, la construction du barrage n'a pas beaucoup contribué à cette baisse de population car l'ensemble de la région a connu une forte baisse démographique, et au recensement de 1968 on comptait 50% de personnes en moins qu'en 1876.

Si au début du siècle la population salloise était relativement jeune, la tendance s'est lentement inversée durant la première moitié du XXesiècle. Dans la deuxième moitié du siècle, le village compte désormais plus de vieux que de jeunes, le taux de mortalité étant supérieur au taux de natalité, le village n'a pas renouvelé ses générations. Cette baisse générale de la population entraîne forcément une baisse du nombre des ménages, qui passent de 93 en 1946 à 72 en 1968. De plus il y a beaucoup de célibat et de solitude : en 1968 il y a 8% de célibataires et 36% d'isolés, toutefois après la construction du barrage le taux de célibat tombera à 5% et le taux d'isolés à 20,6%. Selon A. Latz ce fait s'explique par le départ de nombreuses personnes âgées au moment de la mise en eau du barrage.

D'après M.A., les mariages entre Sallois étaient très rares, d'après lui, cela était dû au faible nombre d'habitants des Salles, et les jeunes qui se connaissaient depuis l'enfance étaient plus des amis. En fait, les mariages se faisaient entre jeunes des villages alentour (Aups, Moustiers, Bauduen, Riez...). Selon M.A. les fêtes de villages étaient les moments privilégiés pour les rencontres, lui-même a rencontré sa femme aux Salles pendant la fête de la Saint Joseph. D'après A. Latz, à partir de 1940 il n'y avait plus de mariages entre sallois (alors qu'il y en avait 12 en 1900) et les aires de mariages ne cessent de s'agrandir à partir de cette date. On peut imputer ce changement à deux facteurs : d'une part il y a de moins en moins d'habitants aux Salles, ce qui limite considérablement les possibilités d'union et d'autre part, les réseaux de communication et les moyens de transport se généralisant, cela a permis aux jeunes d'élargir leurs sphères relationnelles. Ainsi, M. A. et sa bande d'amis (la majeure partie des jeunes du village) se déplaçaient en vélo, au début, pour aller aux fêtes dans les villages alentour, ils se débrouillaient ensuite pour emprunter un véhicule (environ une fois par mois) aux parents, ainsi quand l'un d'eux réussissait à prendre le véhicule d'un parent, c'est tous les jeunes du village qui en profitaient. «Je me souviens que le premier à nous mener avait emprunté le tracteur de son père, auquel il avait attelé une remorque. Tout le monde montait dedans, on se couvrait avec une couverture et on se rendait aux fêtes de village ou au cinéma à Aups». Ainsi les déplacements se faisaient en groupe de Sallois âgés de 13-14 ans à 25-26 ans, et autant les filles que les garçons étaient de la partie. En fait les relations entre les jeunes Sallois étaient surtout amicales et d'après M.A. les rencontres amoureuses d'un Sallois ou d'une Salloise permettaient d'élargir les réseaux amicaux. Quand il y avait des unions entre un(e) sallois(e) et quelqu'un de l'extérieur, les jeunes mariés s'installaient le plus souvent aux Salles, surtout si le mari était agriculteur, mais dans les dernières années du village cette pratique s'est perdue et il y a eu quelques couples qui exploitaient des champs aux Salles sans y vivre.

L'ancien village des Salles-sur-Verdon était un village d'agriculteurs, et même si tout au long du XXesiècle cette activité a diminué, elle était tout de même l'activité dominante du village. Ainsi jusqu'en 1962 l'activité agricole se maintient avec un taux de ruralité3 qui atteint 65,7%. A partir de cette date, qui correspond à l'annonce de la création du barrage, le taux de ruralité s'effondre, les agriculteurs partent pour trouver des terres ailleurs. Selon M. G. la plupart sont restés dans le Var, là où ils pouvaient acheter de nouvelles terres.


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